23 Mars Le Voyage cinématographique de Gaston Méliès dans les mers du Sud et en Extrême-Orient

MERCREDI 23 MARS 20H30
Le Voyage cinématographique de Gaston Méliès dans les mers du Sud et en Extrême-Orient
de Raphaël Millet
(France - 2015 - 1h)
SOIRÉE EXCEPTIONNELLE GASTON MÉLIÈS, LE FRÈRE MÉCONNU,
EN PARTENARIAT AVEC LES AMIS DE GEORGES MÉLIÈS, LA CINEMATHEQUE FRANCAISE ET NOCTURNES PRODUCTIONS
Première projection française !

accompagné d’une vingtaine de minutes de films rarissimes : Mr and Mrs Mott on their Trip
to Tahiti (1912) et Unmasked by a Kanaka (1912). 
Avec des extraits inédits des tout premiers films tournés au Temple d’Angkor...
C’est une réalité peu connue du public, même cinéphile, qui connaît ses Lumière (Louis et Auguste) sur le bout des doigts, de même que leur antagoniste, Georges Méliès, cette sainte trinité nationale formant la naissance du Cinématographe, avec sa face documentaire (les Lumière) et sa face fiction (Méliès). Le film de Raphaël Millet nous apprend aujourd’hui que l’affaire se complique toutefois d’un Gaston Méliès, frère aîné de Georges, cinéaste pionnier tout comme l’autre, sauf qu’il est inconnu au bataillon et que la majeure partie de sa production a été anéantie. On pointe ce faisant l’ambition du film et le risque qu’il prend, son intérêt résurrectionnel et sa dolente navigation sur les eaux de l’oubli. 
Comment, en effet, évoquer une figure dévorée par l’Histoire?
Comment rendre compte d’une œuvre cinémato- graphique mangée par les mites?
Raphaël Millet s’y emploie par une sorte de rêverie lacunaire, qui nous emmène loin dans le
passé, très au large de l’industrie, vers les confins d’un rendez-vous manqué avec le destin. Le résultat est passionnant. Le film centre en effet son propos sur la croisière qu’entreprend Gaston Méliès en1912 dans ce qu’on appelle à l’époque les mers du Sud.
Ce que Raphaël Millet choisit de mettre en valeur est de fait tout à fait remarquable. Lassé
très vite des bobines qu’il tourne en Californie, Gaston Méliès s’embarque en effet à San Francisco avec une idée derrière la tête et une équipe de vingt personnes. Il s’agit de filmer, à la lisière du documentaire et de la fiction, des histoires de cinéma avec la participation des autochtones des régions qu’il va traverser, puis d’envoyer ces films aux Etats-Unis. Rien de banal, quand on songe qu’à cette époque Indiens, Noirs ou Asiatiques sont interprétés par des acteurs blancs sur les écrans. Dix ans avant Nanouk l’esquimau, de Robert Flaherty, quinze ans avant Tabou, de Friedrich Wilhelm
Murnau, le réalisateur porte donc haut le flambeau de l’aventure, de la curiosité et de l’ouverture d’esprit. Son voyage de dix mois le conduira jusqu’au Japon, via Tahiti, la Nouvelle- Zélande, l’Australie, l’Indonésie, l’Indochine.
À chaque étape, Méliès improvise une fable, inspirée des traditions indigènes ou du répertoire occidental, et la fait jouer sur place, à égalité de statut entre acteurs américains ou amateurs autochtones. Il ne reste que peu de chose de ces tournages, ce qui rend d’autant plus précieuse la trace de ce qui fut souvent une image première. La grâce d’une belle actrice maorie, les ruines d’Angkor, une démonstration de judo à l’institut Kodokan de Tokyo. Avec Georges qui voyageait sur la Lune depuis son studio de Montreuil, et Gaston qui partait sur les mers filmer le vaste monde, la famille Méliès aura décidément incarné les affinités du cinéma et de la découverte.

J. Mandelbaum, Le Monde

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