Le Parisien le 9 février 2013


 Le western continue au Méliès


La ville rend publics les premiers résultats d’enquêtes sur le cinéma, les salariés contestent.
Bérangère Lepetit | Publié le 09.02.2013, 07h00
Un montant de 143 000 € en dix ans : selon les premiers résultats de deux enquêtes — l’une menée par les services de la ville, l’autre par le Trésor public —, c’est le préjudice financier subi par la ville de Montreuil dans l’affaire du cinéma municipal le Georges-Méliès. En cause : un système de double caisse inhérent à la gestion du cinéma classé art et essai, qui a entraîné en décembre la maire (Europe Ecologie-les Verts), Dominique Voynet, à porter plainte contre X pour détournement de fonds publics.
Trois agents du cinéma, dont le directeur administratif*, Stéphane Goudet, avaient été provisoirement
suspendus de leurs fonctions à la suite de cette plainte. « Un certain nombre d’entrées payantes étaient
soustraites de la comptabilité pour alimenter une caisse qui était utilisée sans aucune autorisation ni
contrôle », a dénoncé hier Dominique Voynet, qui appelle aujourd’hui « à la sortie de crise ». Selon les
premiers résultats, révélés hier par la mairie dans un communiqué, le Trésor public demande aujourd’hui aux agents du Méliès le remboursement sur leurs biens propres de plus de 8000 € pour la seule année 2012.
En grève depuis le 19 janvier
Des sommes jugées « délirantes » et des chiffres « gonflés », selon la section syndicale CGT du Méliès qui s’est réunie longuement hier après-midi après avoir été reçue en délégation à la mairie. « Pas un centime, pas un euro n’est sorti illégalement du Méliès », assurent les agents dans un communiqué.
« Au cœur des préjudices allégués, on feint de découvrir le paiement irrégulier et parfois tardif des
abonnements scolaires par les écoles », indiquent, à titre d’exemple, ces salariés qui ont cessé le travail
depuis le 19 janvier. « Nous ne sommes pas surpris par ces résultats, juste abasourdis par les arguments
utilisés par la mairie », confie une employée.
Certaines réactions ont fusé dans l’après-midi, comme celle du député socialiste de la 7e circonscription,
Razzy Hammadi : « La gestion du Méliès est identique à celle de très nombreux cinémas associatifs en
France, liée au dépôt des séances non commerciales », affirme le député, qui compte « écrire à la ministre de la Culture (NDLR : Aurélie Filippetti) pour qu’elle se saisisse de ce vide juridique ».
Demain, les salariés grévistes du Méliès appellent à un rassemblement de soutien : le Méliès éphémère, à partir de 18h30 devant le cinéma municipal de la Croix-de-Chavaux, avant la projection d’un film et un petit concert de soutien dans un endroit encore tenu secret. Lundi, un nouveau rendez-vous est fixé entre les agents du Méliès et la municipalité. Une décision doit être prise ce même jour sur la poursuite, ou non, du mouvement de grève.
Alors que le Méliès doit s’installer dans de nouveaux locaux de 6 salles près de la mairie en 2014, la maire a réaffirmé hier « sa détermination à réussir cette installation et à accueillir un public toujours plus nombreux et diversifié ».
La communauté d’agglomération Est Ensemble, qui doit reprendre la gestion du nouveau Méliès, ne compte pas pour l’instant porter plainte mais elle va déposer, ce week-end, un « signalement » auprès du procureur.
Le conflit provoque un vif débat au sein de la ville et oppose depuis plus de deux mois la majorité municipale, le personnel du cinéma et l’ensemble des groupes d’opposition.
Le Parisien
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*Directeur administratif : il s’agit une coquille, Stéphane Goudet est directeur ARTISTIQUE.

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