19 AOÛT 120 battements par minute

SAMEDI 19 AOÛT 20H
120 battements par minute
de Robin Campillo
(France - 2017 - 2h20)
avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel
Grand Prix du jury, Cannes 2017
AVANT-PREMIÈRE + RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR 

Bande annonce


Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par laradicalité de Sean.
Torrent de larmes ne dit pas bon film mais il se trouve que ce récit au coeur de l’activisme d’Act up trouve une distance étonnamment empathique et froide pour embrasser aussi bien la ferveur du groupe que la singularité des individus qui le composent. On entre dans 120 battements tel des novices assistant à leur première réunion du groupe. On est ici dans un mouvement de jeunesse, composé de garçons et de filles lesbiennes, pédés, trans, séropos ou non. Il y a aussi une mère de famille et son fils ado contaminé par transfusion de sang. Mais on est aussi dans le passé, c’est-à-dire avant la circulation des « leaks » et des informations via les réseaux sociaux, avant la levée de
mouvements protestataires par Facebook ou envois de mail. Tout est plus difficile, plus caché, plus lent, pour obtenir des résultats transitoires pour un nouveau médicament par un labo, pour mobiliser les médias, pour recruter des militants etc. Le film est donc aussi drapé dans cette histoire ancienne dont on est encore les contemporains au coeur d’une époque qui va vite et souvent oublie tout.
Robin Campillo lui n’oublie rien. Il a été militant Act Up, il en a gardé les vifs souvenirs, les joies saines de l’action d’éclat et la douleur des deuils trop précoces. Le film procède par grands blocs de prises de paroles dans l’enceinte d’un amphi où les gens ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde sur les priorités, les modalités activistes. Qu’est-ce qu’on fait pour être plus efficace ? Etre sérieux, crédible, mesuré ? Ou au contraire, passer la mesure, choquer, réveiller les esprits quitte à leur faire perdre toute contenance ? Un des trucs inventé par Act Up consistait à jeter des poches de faux sang sur des décideurs de labo, des hommes politiques inertes ou trop timorés, des prêtres
réacs et homophobes…
On a perdu l’usage de ce modèle de violence qui tâche et ne fait de mal à personne, à moins que
la farine et les oeufs dont on brocarde les politiques en soient un héritage plus popote.
Le film évoque bien cette effervescence d’une agora galvanisée par la pression du temps qui
manque et par l’humour folle qui parfois fuse quand il s’agit de trouver les bons slogans pour
la gay pride. Deux personnages se dégagent peu à peu du groupe en une idylle nouée par le désir
et l’angoisse entre le radical Sean) et de plus ombrageux Nathan, le premier est malade, le
second n’est pas infecté. La montée de sève est aussi une oraison à l’existence injustement
ruinée par le silencieux travail de sape du virus que l’écran modélise en particules neigeuses
s’agrégeant pour tuer.
Didier Péron, Libération


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