LE PARISIEN 31 JANVIER 2015

Le nouveau cinéma Méliès ouvrira en juin

Sebastien Thomas | 31 Janv. 2015, 07h00 | MAJ : 31 Janv. 2015, 05h01

C'est en juin et avec plus de deux ans de retard que le plus grand cinéma municipal labelisé art et essai de France accueillera ses premiers spectateurs. Visite de cet ambitieux chantier de 18 MEUR.

 Il s'agit probablement d'un des équipements les plus attendus dans le département. Et surtout le plus grand cinéma public art et essai de France, voire d'Europe avec ses six salles et ses 1 140 places, qui a coûté quelque 18 M€. Le nouveau Méliès, à Montreuil, quittera définitivement le centre commercial de la Croix de Chavaux (où il n'avait que 3 salles) et devrait normalement accueillir ses premiers spectateurs en juin, juste après le Festival de Cannes, tout un symbole. Suivez le guide. Un positionnement haut de gamme Qu'elle est loin l'image du petit cinéma municipal de quartier qui sortait les films trois semaines après les multiplexes, en version française et dans un confort relatif. Le nouveau Méliès veut défier les grands distributeurs en tablant sur des prestations de qualités. « Nos fauteuils mesurent 59 cm et 60 cm de large, en fonction des salles alors qu'habituellement, cela tourne plutôt autour de 57 cm et je peux vous assurer qu'on sent la différence », s'enthousiasme Olivier Gloaguen, responsable maîtrise d'ouvrage à l'agglomération Est Ensemble. Le cinéma sera doté de la 3D mais pas dans toutes les salles et bénéficiera de la technologie 4K qui permet une qualité d'image exceptionnelle. Afin de pouvoir diffuser tous les films, en plus des six projecteurs numériques, la direction a prévu d'acheter trois projecteurs analogiques afin de diffuser des films en 35 mm qui n'ont pas été convertis en numérique. De la toile tendue dans les salles au lieu de vulgaires plaques de polystyrène peinte, de la moquette partout au sol, des matériaux mêlant métal et bois, bref la prestation se veut haut de gamme. Et le reste est à l'avenant. Car les exigences sont drastiques. « Une entreprise s'est trompée de 15 cm de part et d'autre de l'écran d'une salle, nous l'avons obligée à tout reprendre car, selon nous, cela change la qualité de l'expérience cinématographique » poursuit Olivier Gloaguen. Adapté à tous les publics Le lieu a été adapté pour être fréquenté par les personnes à mobilité réduite grâce à des systèmes de rampes et des ascenseurs. « Nous ferons également des projections de films en audiodescription et sous-titré en français pour les malentendants et les aveugles et ce, à des heures décentes c'est-à-dire pas en milieu de journée, en milieu de semaine », promet Stéphane Goudet, directeur artistique du Méliès. De nombreuses actions vont être également menées avec les écoles de la ville. Un partenariat est également établi avec le théâtre afin de proposer des programmations complémentaires. Enfin son label Art et Essai attireront un public pointu. Restaurant, bibliothèque et espace enfants Le futur Méliès ne se résume pas à six salles de cinéma. Le bâtiment abritera d'autres espaces qui permettront, à leurs manières, de prolonger l'expérience cinématographique. « On veut faire durer ce moment le plus longtemps possible, souligne Stéphane Goudet. Ainsi, le restaurant, doté de 85 places et 40 de plus en terrasse, pourra, le temps d'un soir, servir des plats en fonction d'un thème donné en rapport avec une projection. De même que nous avons aussi un espace exposition qui pourra aussi prolonger la thématique ». Une petite bibliothèque sera mise sur pied grâce, en partie, à la médiathèque de Montreuil. Les livres présents seront, en grande partie, ceux qui auront donné lieu à une adaptation au cinéma. Un peu plus loin, un espace d'accueil sera dédié aux enfants dans un cadre ludique et cosy. Dans le même esprit, une scène sera installée dans la plus grande salle afin d'y organiser des ciné-concerts. Enfin, une salle de montage et un professionnel seront mis à la disposition d'écoles et d'associations afin de faire leurs propres films.

 

Le chantier accuse plus de deux ans de retard

Ls.T. | 31 Janv. 2015, 07h00 | MAJ : 31 Janv. 2015, 05h02
Montreuil, le 23 janvier. L’enveloppe translucide du bâtiment et la proximité du centre commercial ont nécessité d’enfermer les salles de cinéma dans des blocs hermétiques et de renforcer l’isolation phonique. (LP/S.T.) 

Comment faire simple quand on peut faire compliqué. Cette maxime s'applique à merveille au futur Méliès. A commencer par sa coque. Il est vrai qu'avoir imaginé une enveloppe translucide pour une activité qui nécessite l'obscurité totale place déjà la barre très haut. Mais, en plus, situer le tout au-dessus d'un centre commercial, avec tous les bruits y afférant, finit par donner le tournis.

Pour relever le défi, il a donc fallu créer des salles sous forme de blocs hermétiques, casés dans la coque, un peu comme des legos qui s'emboîtent. Résultat : seule une infime partie du revêtement transparent est visible de l'intérieur, au niveau de l'entrée ainsi que depuis quelques bureaux. Tout le reste a été obstrué. Le travail acoustique relève aussi d'une véritable gageure. En étant situé au-dessus du centre commercial, il a fallu renforcer l'isolation non seulement pour ne pas entendre les bruits des magasins mais aussi à l'inverse pour ne pas laisser fuiter ceux des films. « Au niveau des sols il y a donc une couche de polystyrène, puis une chape de béton, puis une bonne épaisseur de moquette, le tout sur plusieurs dizaines de cm, détaille Olivier Goasguen, responsable maître d'ouvrage à Est Ensemble. Dans les salles, nous avons aussi plusieurs dizaines de centimètres de laine de roche ».

La facture est passée de 8 à 18 M€

Autre déconvenue : l'évolution technologique a provoqué des changements. Ainsi, au lancement du projet, l'aération des régies des salles était calculée sur la base de la chaleur dégagée par des projecteurs analogiques. Or, les projecteurs numériques en produisent plus. Résultat : la taille des gaines d'extraction n'était plus adaptée. Il a donc fallu revoir une partie de la climatisation. Enfin, parmi les mauvaises nouvelles, les pompiers, pour des questions de sécurité, ont imposé un escalier de secours entièrement couvert qui n'était pas prévu.

Et pour ne rien arranger, une des entreprises de travaux publics à fait faillite. Tout cela mis bout à bout provoque un dérapage de près de deux ans et demi et une facture finale qui passe de 8 à 18 M€.
 

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