Montreuil, 20/02/2013. (AFP). Temps exécrable, pelouse couverte
d'immondices, quelques rares spectateurs, arbitrage assuré par le
capitaine de l'équipe victorieuse, un carton rouge pour le capitaine
de l'équipe défaite, deux cartons jaunes pour ses équipiers.
Le match sera rejoué sur le tapis vert à une date indéterminée.
Grosse déception donc, après la mise en ligne de la vidéo du match.
Ce n'est en réalité qu'un résumé de 16 pages qui ne reprend pas les
meilleurs moments de la partie. Président d'une équipe de supporters
des arbitres indépendants, je l'avais demandée mais je n'ai obtenu
qu'une version édulcorée. Elle confirme malheureusement les
inquiétudes dont je vous faisais part dans mon mel du 15 février.
1) pas de comptabilité pour les matchs amicaux depuis 2004. Incroyable
mais vrai ! Des agents sont écartés (en attendant mieux ?), mais
pourquoi la commission d'enquête ne dit pas un mot sur les contrôles
antérieurs qui ont bien dû avoir lieu et n'ont rien révélé de 2005
à 2012 ?
2) la direction du Club n'en savait rien jusqu'au coup d'envoi du
match. Ou elle nous ment effrontément ou elle a fait preuve d'une
légèreté incroyable depuis qu'elle a remplacé l'ancienne équipe à
l'occasion de l'AGE de mars 2008. Pas un mot de nos enquêteurs pour
expliquer pourquoi la DGS n'a jamais eu connaissance de ces
pratiques ! Les mauvaises langues diront que c'est normal, c'est elle
qui a fait la vidéo.
3) le préjudice serait de 143 000 euros minimum. Mais << aucune pièce
n'a été produite ni retrouvée qui permette de retracer la
comptabilité de ces séances >>, les archives sont égarées. Les Huns
sont passés par la Croix d'Chav. ?
3.1) pour corser le scénario, on nous parle de drogue et autres frais
de bouche. Même dans les pires séries B, le spectateur a des
commencements d'indice pour pimenter l'affaire. Là ... rien ! Les
déclarations d'un employé. Les quatre mousquetaires, auteurs du
vidéo-gag, lui ont fait une prise de sang ? Mes informateurs disent
que non.
3.2) les 143 000 euros sont répartis comme suit :
- 77 000 euros = 7 000 euros x 11 années de 2002 à 2012 ... sauf que
la vidéo dit un peu avant que tout était bien jusqu'en 2004 (<< Avant
2004, une comptabilité était alors tenue >>) ... pourquoi retenir les
années 2002 et 2003 ? Ces 77 000 euros sont une estimation des
recettes des matchs amicaux.
Mais ce n'est pas clair. En tête de gondole ("3.1.5."), on dit traiter
<< des achats d'entrées commerciales avec les recettes des séances
non commerciales >> mais le mode de calcul de l'évaluation montre
qu'il s'agit de toutes les recettes des séances non commerciales, et
plus bas on parle de << l'utilisation d'une partie des recettes ... >>.
Deux mois d'enquête n'ont donc pas permis d'évaluer la part de ces
recettes qui a été utilisée pour acheter des entrées commerciales.
- 58 000 euros correspondant à 19 104 billets distribués gratuitement
depuis le 26 novembre 2009, date du CA du Club qui ne permet plus la
distribution de billets gratuits. Et la Direction du Club n'aurait
rien su de ces 19 104 billets distribués pendant 3 ans ? Si on ajoute
l'autre catégorie de billets gratuits, celle des "77 000 euros", c'est
plus de 8000 billets gratuits par an qui étaient distribués ! Elle a
peu d'antennes dans la ville, cette Direction ! Elle va jamais au
cinéma ? elle a pas un seul copain qui a eu un p'tit ticket gratos ?
- 8 000 euros qui seraient des retards de paiement des établissements
scolaires. Sauf à considérer que l'Éducation Nationale est
insolvable, on voit mal comment cette somme peut être considérée
comme un << préjudice >>.
4) Rien donc ne permet d'établir qu'un centime d'euro est parti
définitivement dans la poche des agents qui ont pris la
responsabilité de ne pas tenir de comptabilité, même si cette
hypothèse est très fortement suggérée. Le préjudice a donc une
source unique, d'après la vidéo : la distribution non autorisée
d'entrées gratuites. Étonnamment, la qualité des bénéficiaires
n'est pas évoquée en dehors des adhérents de Renc'art.
C'est pourtant un aspect essentiel pour évaluer l'importance du
préjudice.
Si ces bénéficiaires ne s'étaient pas dérangés en l'absence de
ticket gratuit, le préjudice serait NUL. Et c'est évidemment une
hypothèse à retenir puisqu'aucune étude n'a été faite sur ces
bénéficiaires.
Pourquoi n'est-il pas dit un mot sur la politique de distribution des
billets gratuits ? Et sur les raisons de sa suppression ?
N'a-t-elle pas eu un effet publicitaire qui a augmenté les recettes ?
Pourquoi n'est-il rien dit de ce qui motivait les billets offerts aux
adhérents de Renc'art ?
Quand, en 2009, il y a ce revirement de politique concernant les
tickets gratuits, on a du mal à croire que le passé n'a pas été
évoqué, les avantages et les inconvénients de ces billets gratuits.
Blancpain comme Patek Philippe ne tiennent pas leur succès de la seule
merveilleuse qualité de leurs produits, ils font aussi de la pub.
Goudet a fait du Méliès "LE" cinéma de la banlieue, d'abord par ses
qualités professionnelles, peut-être aussi par ses méthodes
commerciales.
À défaut d'avoir les annexes, conclusion provisoire :
- la pérennité des manquements relevés est tout aussi
incompréhensible et répréhensible que les manquements eux-mêmes.
Les responsables administratifs et les élus de la Ville sont tout
aussi responsables que les fusibles qu'ils ont fait sauter ... s'il y
a un réel préjudice, ce que la vidéo n'établit pas.
- à la seule lecture de ce résumé, l'origine unique et clairement
identifiée du soi-disant préjudice affaiblit considérablement la
validité de son évaluation.
- en tant que gros contributeur à la couverture des déficits du
Méliès (4700 euros de TH + TF en 2012) et en tant que critique de
cinéma
(http://lepoivron.free.fr/article.php3?id_article=98), je suis très
déçu de ne jamais avoir eu droit à un seul ticket gratuit.
- en tant que Président des supporters des arbitres indépendants, je
juge le match vraiment nul et je rectifie le résultat :
Voynet-Goudet, match nul, 1 partout.
F. Fatoux